Mercredi 14 janvier 3 14 /01 /Jan 23:46

22. La journaliste

 (texte non révisé)

J’ai vu tant d’horreur dans ma carrière qu’on m’a souvent reproché ma froideur, mon détachement face à ce qui m’entour. Le peu d’amoureux que j’ai eu, mes collègues aussi, me l’ont fait savoir et parfois payer. Le métier de correspondante à l’étranger dans des zones de guerre a été longtemps la chasse gardée des hommes. J’ai dû trimer dure pour faire ma place, on ne m’a pas fait de cadeaux non plus. À l’aube de mes 40 ans, je constate que cette compétion m’a laissé pratiquement seule sans ami, ni amoureux dans ma vie. Voilà pourquoi mon métier me comble et m’enivre autant.

 

Je carbure à l’adrénaline et j’adore me retrouver parmi les troupes dans les zones de combats. Mes reportages dans une région de guerre me procurent des sensations impossibles à vivre autrement. Puis-je vous dire à quel point lorsque je suis en studio, au journal du soir, je m’emmerde. Ma place est sur le terrain, pas dans une salle à couvrir une de ces conférences de presse ennuyantes, non, moi c’est sur le sol sablonneux d’un champ de bataille de l’Afghanistan que j’exulte.

 

Cet été-là marqua ma troisième affectation sur le front et ma vie s’en trouva changé pour toujours. Mon dernier passage dans ce pays restera gravé dans ma mémoire.

 

J’accompagnais une section d’un bataillon composé de 7 hommes. Nous étions donc huit en tout, perché tout en haut d’une colline stratégique. Il ne se passait pas une journée sans que nous essuyions les tirs des talibans. Généralement, il s’agissait d’armes légères, quelques mitrailleuses lourdes et parfois des tirs de mortier. C’est lors de ces attaques plus sérieuses et dangereuses que j’allais me réfugier dans le “trou”. C’est comme ça que nous appelions notre abri contre les bombes. Jusqu’à présent, peu d’engins avaient atteint le sommet de la colline ainsi que notre avant-poste. Mais chaque fois qu’il y en avait à proximité, la terre tremblait et des morceaux de terre et de pierre se détachaient des murs. C’était terrifiant et exaltant à la fois.

 

Le matin du six juillet s’annonça comme tous les autres. Après plus d’une semaine passée avec la section “Charlie”, je faisais presque partie des “boys”. Nous prirent le petit déjeuner sans qu’aucune présence hostile ne soit détectée. Durant l’avant-midi, je jouai aux cartes avec Josh et deux autres soldats. Pendant ce temps, Ian faisait le guet. Il était soucieux. C’est lui qui commandait la section et c’est à lui que revenait la responsabilité de protéger ses “petits gars”, comme il les appelait. Promu sergent, il était le plus expérimenté des soldats. Il souriait peu, faisait preuve d’une grande attention et veillait au bien-être de tous. Parfois, j’avais droit à quelques regards tendres de sa part, surtout à l’occasion des repas, mais sans plus.

 

Nous étions en milieu d’après-midi, un soleil de plomb nous tapait sur la tête. Ian se déplaçait rapidement d’un point à l’autre du mirador avec ses jumelles à la main. Jason, quant à lui, nettoyait la grosse mitrailleuse qui s’était enraillée lors de la dernière attaque. Tout était calme à première vue.

 

Je profitai de ce moment paisible pour faire une entrevue avec Josh. Ma caméra était sur son pied, le micro en fonction, tout était prêt lorsqu’il fut appelé au poste de communication. Il revint quelques minutes plus tard pour me dire que le convoi de ravitaillement était en route et serait très en retard. Nous l’attendions aux premières lueurs du jour. La progression des véhicules avait été ralentie par la découverte d’une bombe artisanale sur la route qui mène à notre poste avancé.

 

Ian était inquiet et redoutait une attaque de plus grande envergure à cause de la présence annoncée du convoi. Jusque-là, la journée avait été étrangement calme, mais ce calme apparent dissimulait une tension palpable parmi les soldats. Et surtout chez Ian. Les gars marchaient rapidement d’un point à l’autre de notre position fortifiée à l’affût du moindre mouvement sur les collines boisées environnantes occupées par l’ennemi.

 

Ne pouvant avoir Josh en entrevue, je décidai de prendre ma caméra à l’épaule pour suivre pas à pas les soldats afin de bien rendre la fébrilité qui régnait dans le camp. Ian vint me trouver. Il enleva ses lunettes fumées et, d’un ton grave, m’ordonna de mettre mon casque et d’attacher ma veste anti-balle.

 

—   Be careful girl, we never know !

 

C’est la première fois qu’il s’adressait à moi ainsi. Puis il tourna les talons et prit la direction du mirador. Je regardai marcher Ian avec une certaine admiration. La façon paternelle don’t il traite les gars (et moi par la même occasion) me plaisait beaucoup. Il prit le couloir composé de deux murs de pierres empilées les unes sur les autres et disparut de mon champ de vision.

 

Tout à coup, j’entendis un sifflement qui gagna en force rapidement. Le soldat derrière moi cria et me rabattit au sol dans un fracas indescriptible. Il y avait de la poussière partout. Un obus venait de toucher notre colline non loin du mur sud.

 

À peine remis de cette explosion et sans que je puisse me relever complètement, un deuxième obus nous frappa de plein fouet et anéantit le mirador où Ian avait pris place quelques minutes auparavant. Sonnée et étourdie par les deux déflagrations, je titubais parmi les gravats qui jonchaient le sol. Je cherchais désespérément ma caméra quand on me tira violemment par le bras. C’était Ian, méconnaissable, recouvert d’une couche de terre fine et d’un peu de sang sur la joue.

 

Il me tira rapidement en direction du “trou”. Il prit au passage ma caméra et me conduit vers l’entrée de l’abri. Il ouvrit la porte en bois et me poussa à l’intérieur avant de la refermer. J’étais dans une quasi-obscurité. Je pouvais ressentir les vibrations causées par les bombes. Jamais auparavant nous ne fûmes touchés par une telle force de frappe. Les obus de mortier n’avaient pas cette puissance et cette précision. Je pouvais entendre nos mitrailleuses cracher leurs balles à une cadence inouïe. Le bruit était infernal. La bataille faisait rage et je ne pouvais rien faire. Chaque fois qu’un obus touchait nos fortifications, les murs de l’abri se désagrégeaient. Un silence inquiétant suivait chaque explosion, puis le bruit des mitrailleuses lourdes reprenait de plus belle.

 

C’était la première fois que j’étais confronté à un tel danger et mon coeur battait très fort. Je restai tout de même relativement confiante quant à notre capacité à repousser l’ennemi. Les talibans n’avaient jamais lancé d’attaque en plein jour et ne possédaient de force de frappe suffisante pour ravir notre position.

 

C’était jusqu’à l’explosion d’un obus si prêt qu’une partie des poutres qui retenaient le plafond en pierre s’effondra sur moi dans un grondement assoupissant. Cette fois, je n’entendis pas les mitrailleuses riposter.

 

Quelque chose n’allait pas.

 

Je ne savais trop quoi penser et surtout l’état de la situation, mais nous étions vraisemblablement très atteints par le bombardement. Il ne se passait pas 10 secondes sans qu’un autre obus nous frappe. J’étais de plus en plus angoissé et pris entre l’envie de sortir pour savoir ce qui se passe et la peur d’être frappée par une bombe ou un éclat d’obus. L’angoisse devint insupportable, ma poitrine se contractait à m’en faire suffoquer. J’enlevai ma veste par balle afin de mieux respirer.

 

C’est alors qu’Ian entra dans le bunker à toute vitesse.

 

—   The kids, they’re alle dead, they’re all dead.

 

Il répétait sans cesse que tous les soldats étaient morts. Pour la première fois, je voyais de la frayeur dans ses yeux. Il me prit dans ses bras pour me protéger des cailloux et de la terre qui nous tombait dessus.

 

Je compris alors que nous étions en réel danger que mon heure était sur le point de sonner. Je me blottis dans ses bras et je le serrai contre moi. J’avais si peur. Je pensais à tout ce que je n’avais pas accompli dans ma vie consacrée uniquement à ma carrière. J’étais terrifiée à l’idée de mourir, là, sous les bombes. Ian aussi avait peur, mais il se gardait bien de le montrer. Il couvrait ma tête avec ses main pour me protéger de bruit de bombes. Sa présence arrivait presque à me rassurer. Je ne m’étais jamais sentie aussi bien dans le bras d’un homme. Je ne pouvais choisir pire moment pour me sentir attirée de la sorte par un homme. Mais en pouvait-il autrement dans mon cas.

 

Les obus martelaient notre abri sans relâche. Je serrais Ian si fort contre moi que ma bouche se posa sur son cou couvert de terre. Sans trop comprendre ce qui m’arrivait, je pris son visage et je le tournai pour l’embrassai. Sa réaction fût immédiate et sa langue s’enfonça dans ma bouche pour répondre à mon appel.

 

Il me renversa et me coucha sur le sol. Il posa nerveusement ses mains sur moi à la recherche de mes seins enfouis sous plusieurs couches de tissus empruntés aux femmes d’un village voisin. Animée par la peur, obsédée tout à coup par la crainte de ne plus jamais connaître ce plaisir, j’étais mue par l’urgence de mourir heureuse et comblée.

 

Le bruit des explosions commença à devenir plus épars. Ian déchira l’étoffe qui recouvrait ma poitrine. La brutalité de ses gestes avec laquelle il s’empara de mes seins témoignait du sentiment de désespoir qui nous animait. Malgé le rudoiement, j’éprouvais un plaisir incomparable à tout ce que j’avais vécu à ce jour. J’arrivais presque à oublier la périlleuse situation dans laquelle je me trouvais.

 

Le grondement des bombes et la poussière qui envahissait le “trou” n’avaient plus de prise sur le désir qui nous dévorait. Nous nous embrassions avec fureur, goûtant chaque seconde comme si c’était la dernière. Ian abandonna ma bouche au profit de mes mamelons pour les embrasser, les lécher, les mordre. Il s’y attarda quelques instants. Rapidement, il poursuivit sa descente, m’ouvrit les jambes et baissa mon pantalon jusqu’aux genoux. Il tira si fort sur ma petite culotte qu’elle déchira. Encore une fois, le pincement et la douleur n’avaient plus aucune importance. Je le voulais en moi et tout de suite.

 

Dehors, il semblait y avoir une certaine accalmie. Le sergent enfouit sa tête entre mes cuisses toutes blanches et se mit à dévorer mon sexe frénétiquement. Ce que je vivais était si intense que je ne sais plus exactement si j’ai joui ou non. Tout mon corps était traversé par une sensation enivrante et exaltante que je n’avais jamais ressentie jusqu’à maintenant. Mon dernier orgasme remontait à tant de temps que je n’arrivais pas à me rappeler de ce que c’était. Je vibrais transporté pour un courant qui électrisait tous mes sens à chaque passage de la langue d’Ian entre mes lèvres. C’était si bon, si enveloppant. Un orgasme de plusieurs minutes qui tout à coup me protégeait de tout, de l’angoisse, des bombes, de la mort. L’intensité de celui-ci se nourrissait du paradoxe dans lequel je me trouvait. Cet acte d’amour primaire, presque bestial, n’avait aucun sens. Mais après tout, se retrouver sous le bombardement de l’ennemi frolant ainsi la mort à chaque explosion était complètement insencé.

 

Le contacte de la bouche d’Ian entre mes cuisses contrastait dramatiquement avec la poussière et la terre sous mes fesses. L’extase que cette sensation me procurait était inifnie et me faisait perdre consciense de ce qui se passait tout autour quand une violente explosion frappa le bunker. Quelques planches se détachèrent du plafond et tombèrent sur mon amant soldat. Il se releva d’un bond et me tira avec lui avant de me plaquer au mur dans le fond de l’abri. Bien qu’un peu secoué par la dernière déflagration, je n’avais qu’une idée en tête. Je défis son pantalon avec empressement et sortis sa queue déjà bien raide. Je saisis alors sa verge et manoeuvrai pour l’introduire en moi provoquant ainsi une autre vague de plaisir incontrôlable. Ian me pénétrait et me donnait des coups avec rage et passion. Il me couvrait de baisers. Je pouvais goûter ma propre chatte à chaque fois que sa bouche croisait la mienne. Il me pilonnait avec fougue et me soulevait de terre chaque fois qu’il entrait à fond. Je savourais sa chair en moi comme le dernier repas d’un condamné avant l’exécution. J’étais submergé par la jouissance et je n’en n’avais que pour son membre dans mon ventre.

 

Nous faisions l’amour avec tellement d’intensité que nul ne remarqua que le grondement des bombes avait cessé. Ian me frappait de plus en plus fort contre le mur, il me baisait, comme si la vie était plus importante que la mort qui nous entourait. Dans un dernier mouvement plus vigoureux que les autres, il me souleva du sol et jouit en répandant sa semence en moi. Il n’émit aucun son, aucun grognement. Je l’avais senti vibrer en moi, c’est tout.

 

Nous restâmes enlacés un moment. Quelques secondes, quelques minutes, le temps n’avait plus d’importance. Tout était calme, silencieux, presque surréaliste. Je serrais Ian très fort pour le garder en moi. Je ne voulais pas qu’il me quitte, que son corps se sépare du mien.

 

Notre quiétude fût brisée par des tirs de mitrailleuse légère qui s’apporchait de notre retranchement. Ian se dégagea de moi en me poussant et se précipita vers l’entrée tout en remontant son pantalon. Il saisit son arme et me fit signe de ne faire aucun bruit. On pouvait distinguer la voix d’homme parlant une autre langue de l’autre côté de la porte. Probablement du Pashtoung, la langue des talibans. Ils étaient à proximité sur la colline et s’apprêtaient à prendre possession de notre avant-poste.

 

Ian se préparait au pire et guettait le moindre mouvement de l’autre côté de la porte pour attaquer. J’étais à nouveau terrifié. L’ivresse du plaisir était bel et bien chose du passé. Je devais faire face à la réalité, à la mort qui nous rôdait à l’extérieur de notre bunker protégé par une petite porte de bois.

 

Subitement, les hommes de l’autre côté se mirent à crier. Mon protecteur serra son arme et l’approcha de sa joue. Je pouvais voir son courage se mêler à la peur dans ses yeux bleus illuminés par un petit rayon de lumière que la porte laissait passer.

 

Quelques secondes plus tard, une pluie de bombe s’abattit sur nous. Ian me fit signe de rester dans mon coin et de ne pas bouger. Son visage avait changé. Je compris dans le léger sourire qu’il esquissait, que notre convoi arrivait avec les vivres, mais aussi les renforts. C’est probablement eux qui ripostaient pour reprendre la colline. D’ailleurs, il profita d’une explosion pour sortir et prendre part au combat.

 

Ce n’était plus de la bravoure, mais de la folie. Je courus vers lui pour…

 

Cu fût le dernier souvenir que je garde de ce six juillet passé en Afghanistan. Un éclat de lumière, puis tout s’arrêta.

 

Lorsque j’ouvris les yeux, j’étais dans un hôpital militaire en Allemagne. Nous étions en août. L’infirmier m’expliqua que je fût découverte vivante sous un amas de planches et de poutres de bois pleines de terre. J’en fus quitte pour un traumatisme crânien, quelques côtes brisées ainsi qu’un poignet cassé. Des blessures insignifiantes comparées aux traces et aux souvenirs que mon passage dans ce petit avant-poste du sud de l’Afghanistan allait me laisser.

 

Cela fait plus d’un an que je suis de retour à la maison et je ne suis toujours pas retourné travailler à la télévision d’état. Il y a de ces expériences qui bouleversent une vie. La mienne changea radicalement et prit un tout autre sens. La journaliste de carrière me semblait bien loin parfois, mais ne me manque pas du tout. J’ai un bien plus grand défi qui m’attend. Aujourd’hui, je viens de tamiser la pièce et je me berce. Je prends soin du petit Ian, baptisé ainsi en l’honneur de son père. Il boit mon lait. Sa petite main me papouille le sein distraitement pendant que ses yeux bleus me regardent. Chaque fois que je croise ses petits yeux, je revois le regard de son père derrière la porte de bois.

 

Mes collègues m’ont fait un magnifique cadeau. Après plusieurs heures de travail, les techniciens ont réussi à récupérer quelques minutes de tournage réalisé durant ma semaine et ce, à partir de ma caméra retrouvée écrasée près de moi.

 

Je me passe en boucle les images du beau soldat qui donna sa vie non sans l’avoir transmise.

 

FIN

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© JEAN-FRANCOIS G 2009

Par erotisemoi.net - Publié dans : Livre virtuel de nouvelles érotiques
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